Numéro spécial Tête-de-Nègre (suite et fin).
- … du Président
- Baron Zéro par Philippe Audoin
- Correspondances (Six lettres de Maurice Fourré à Jean Paulhan) par Jean-Pierre Guillon
- Polémique sur l’autoritarisme présumé d’André Breton – (Lettres de J.P. Guillon, Bruno Duval, Alain Tallez)
Les textes de ce numéro sont disponibles au format pdf (clic!)
I. …du président
La symbolique du solstice d’hiver préside à l’édition de nos deux numéros spéciaux de Fleur de Lune (numéros 7 et 9) consacrés au roman Tête-de-Nègre. C’est l’époque où le soleil de midi se réprime au plus près de l’horizon, marque une pause délibérée pour simuler l’extinction des feux au glas du monde, s’ébroue dans les terres de la « baronnie Zéro », puis, régénéré, dynamique, s’élance dans la nouvelle phase ascendante du cycle annuel. Car seul vaut le géocentrisme pour la trajectoire de notre homme, Maurice Fourré, qui débuta par une tentative de suicide – fondatrice -, vécut sous l’empire de Mercure (protecteur des commerçants et des voyageurs) dans une incarnation romancée et théâtralisée mâtinée de spiritualité alchimique, et tira sa révérence après le double meurtre – rédempteur – de Maurice-Déodat XIV. Un nouveau cycle devait ainsi s’ouvrir pour lui dans la paix intérieure, dont il n’eut guère le loisir de jouir.
C’est avec profondeur, acharnement et pondération dans le ton et l’allure que Philippe Audoin, en 1967, dans le numéro 7 de la revue surréaliste L’Archibras, recherchait les mailles invisibles du tissage de Tête-de-Nègre : un questionnement infini (?) sur la genèse de ce grand œuvre enfanté dans la douleur. Aucune conclusion définitive ne borne cette feuille ouverte, méticuleuse et dense. Lisez et délectez-vous. Collationnez vos réflexions et parlons-en, autour d’un verre de Mercurey, et ici même. En fin de compte, cet article découvre les trésors constitutifs de tout un homme.
Maurice Fourré était-il épistolier ? Après ses lettres à André Breton révélées à nos lecteurs dans notre précédente livraison, voici celles adressées à Jean Paulhan, échelonnées sur dix années, de 1949 à 1959. La crainte sourd de ces missives un peu onctueuses (comme on en écrivait à l’époque). Ces documents, loin d’être seulement anecdotiques, nous insinuent dans l’interstice instable où se tendent les rapports entre un nouvel écrivain hésitant, de province, et le gotha de l’édition parisienne, dans la vieille France encore vivante au début des Trente Glorieuses. Nous en commençons la publication dans ce numéro.
Enfin, je vous souhaite à tous, adhérents fidèles, amis, et nouveaux adhérents qui nous découvrez, et découvrez les énigmatiques saturnales fourréennes, une excellente année 2004 de plénitude affective et de réussite.
II. Baron Zéro
Maurice Fourré racontait à quelques amis que dans sa première jeunesse, un amour malheureux l’avait mis au désespoir. Il tenta de se tuer et se manqua. Son père s’étant déclaré prêt à exaucer son moindre désir, le jeune homme ne demanda qu’une faveur : vivre à Nantes. Sa famille habitait Angers où lui-même se résigna par la suite à s’établir. Mais son vœu de minime exil fut d’abord accompli. – C’est ainsi, concluait-t-il, que j’arrivai à Nantes, fraîchement suicidé du matin. «
III. Six lettres de Maurice Fourré à Jean Paulhan
À la suite de la parution du dernier numéro de Fleur de Lune, numéro spécial consacré à la vente Breton, et de l’article qu’y publiait Bruno Duval, nous avons reçu de Jean-Pierre Guillon le texte suivant …