- Maurice Fourré par Thierry Foulc
- Mais où s’est donc fourré ce Butor ? par Bruno Duval
- Une œuvre solitaire par Michel Butor
- Un château…briant par Jean-Pierre Guillon
- Fourré au théâtre par Claude Merlin
- HT Courrier de l’Ouest 1954 Lettres de Fourré à Petiteau, Fourré à Paulhan, Rimbaud à sa sœur.
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I. Présentation
Qu’il n’y ait ici-bas qu’un vieil homme, seul, calme et beau, entouré d’un luxe inouï, et je suis à vos genoux. (Arthur Rimbaud, Les Illuminations)
L’Association des amis de Maurice Fourré (A.A.M.F.) est née des désirs conjugués de quelques amis, passionnés à des titres divers par l’œuvre dudit, qu’ils n’avaient pu connaître de son vivant; ils ne se connaissaient pas non plus tous entre eux auparavant, et se sont rencontrés, les uns et les autres, sur ce seul mot de passe: mieux faire connaître un auteur trop négligé, on s’en doute, en ce temps de communication intempestive, défendre et illustrer son œuvre.
II. Maurice Fourré
Angers 1876- Angers 1959 – MAURICE FOURRÉ par Thieri Foulc
(Notice rédigée pour un dictionnaire de littérature à paraître)
Révélé à l’âge de soixante-quatorze ans par La nuit du Rose-Hôtel, Maurice Fourré est un écrivain de la ferveur, du cérémoniel et de la confidence ésotérique, un « surréaliste-sans-le-savoir », à distance de son époque.
III. Mais où est donc Fourré ce Butor ?
M. Jean Petiteau, neveu de Maurice Fourré, conservait dans un gros cahier toutes les (rares) coupures de presse relatives à son oncle. Celle que l’on trouvera ici est extraite d’un numéro du Courrier de l’Ouest de 1954. Elle réunit, autour de « l’oncle Maurice », plusieurs de ses admirateurs venus tout exprès de Paris lui souhaiter un bon soixante-dix-huitième anniversaire. Il y a là, accompagné de son épouse, l’essayiste Michel Carrouges, exégète bien connu du surréalisme, dont venait de paraître, aux éditions du Seuil, l’ouvrage fondamental sur les Machines célibataires, avec une longue analyse de la Nuit du Rose-Hôtel retirée, on ne sait pourquoi, de la réédition de l’ouvrage parue dans les années soixante-dix aux éditions du Chêne. Nous espérons pouvoir réparer cette omission dans un prochain numéro de Fleur de lune. Il y a là aussi le romancier suisse romand Georges Borgeaud, auteur primé du Préau et de la Vaisselle des évêques, dont le témoignage personnel nous serait précieux. Puissions-nous le recueillir dans un numéro ultérieur du Bulletin de l’A.A.M.R. Il y a là, surtout, Michel Butor, qui n’était pas encore l’auteur à succès de la Modification, considéré depuis comme un des pères fondateurs du Nouveau roman. Avant même de publier en 1954, son premier roman. Passage de Milan, il connaissait Maurice Fourré pour avoir été invité, parmi d’autres personnalités parisiennes, par André Breton à assister à la lecture de la Nuit du Rose-Hôtel donnée par son auteur avant la parution de l’ouvrage en librairie (cf. Philippe Audoin : Maurice Fourré, rêveur définitif). Ayant sympathisé à cette occasion, le vieux et le jeune « nouveau romancier » avaient participé ensemble au numéro spécial sur Jules Verne de la revue Arts et Lettres paru en 1950. En 1956, l’admiration de Butor était intacte, puisqu’il fit paraître, dans la revue Le Monde nouveau, une belle étude sur la Marraine du sel, intitulée Une œuvre solitaire. Le jeune romancier, qui ne se situait pas encore « à l’écart » de la vie parisienne, est bien le premier à attirer l’attention, d’une autre manière que pittoresque, sur l’importance de l’âge dans les récits de Fourre, la valeur attachée à la typographie et à la mise en page, et sur le versant noir d’une oeuvre dédiée au Rose : « Au cœur d’une pâtisserie toute entière trempée d’alcool, loge une goutte de l’acide le plus corrosif », écrit-il alors en pastichant, non sans clin d’œil au nom même de l’auteur, la manière néo-symboliste commune à Breton et à Fourré.
Bruno Duval
IV. Une œuvre solitaire
par MICHEL BUTOR
L’œuvre de Maurice Fourré est l’une des plus singulières, des plus solitaires qui soient. Après s’être tu pendant quarante ans, il publie en 1950, alors âgé de 73 ans, « La Nuit du Rose-Hôtel ». Voici maintenant « La Marraine du Sel ». Nous allons fêter son 79ème anniversaire le 27 juin prochain.
V. Un Château… briant
par JEAN-PIERRE GUILLON
L’horrible histoire de Pierre Escalde, dit « Patte-de-bois », Maurice Fourré prit un vilain et malin plaisir à la condenser en cinq actes, comme pour mieux parodier, beau joueur, les règles de la tragédie classique. C’était en 1905, près d’un demi-siècle avant La Nuit du Rosé-Hôtel.. Entre les deux, silence absolu, si l’on excepte un court récit publié en 1908, Une Conquête, tout aussi atroce que le premier.
VI. Fourré au théâtre
Contre vents et marées, fort de l’appui de ses seuls rêves, Claude Merlin, acteur, auteur, metteur en scène (en particulier des œuvres de Valère Novarina), monte un spectacle librement inspire des quatre romans de Maurice Fourré. C’est une entreprise folle, démesurée, verbale, comme le théâtre contemporain n’en risque plus depuis longtemps.
Achevée depuis belle lurette, inlassablement répétée en ateliers avec de multiples acteurs bénévoles, la pièce devrait enfin être montée, et montrée, dans l’année en cours. Il aura fallu à Merlin, cet enchanteur tenace, près d’une dizaine d’années pour arriver à ses fins. Certes, le manque de temps et d’argent ne peuvent rien contre l’amour et l’art, mais, plus encore que les autres, les arts du spectacle doivent louvoyer entre ces deux écueils. Nous attendons donc avec une impatience fébrile, de pouvoir partager ces Éblouissements de Monsieur Maurice, dans un lieu digne d’eux. Claude Merlin, responsable de tout, présente son projet aux directeurs des théâtres de France, de Navarre et d’ailleurs, susceptibles d’accueillir sa troupe (à suivre…).